Joli caillou
Joli caillou, plat, lisse et doux comme l’agate, c'est toi que je choisis ! Depuis quand gis-tu là au bord de la rivière, à m’attendre, à croiser mon destin ? Ta robe au grain poli garde encore quelques aspérités douces et granuleuses. Tu es tiède dans l’or du soleil. L’apostrophe blanche sur ton cœur m’interpelle comme un bébé, son hochet ! Quel collier de mystères caches-tu dans ton dos ?
Le caillou –Ainsi, je t’apostrophe humaine !
J’ai grandi lisse et doux dans l’or tiède du soleil, échoué sur la rive au bord de l’eau. Mes aspérités se sont polies, varlopées par l’onde et le vent… Ma mémoire en oublie le temps…
J’ai grandi érigé dans le temple des hommes près de turquoises et d’or, serti dans le rêve géométrique d’un fier Inca… Ma mémoire en oublie le temps…
J’ai grandi étonné et surpris dans les lainages de la châtelaine… mais qu’est-ce que je faisais là- dedans ? Ma mémoire en oublie le temps…
J’ai grandi étonné et surpris dans la touffe d’asters mauves du jardin, puis, minutieusement choisi par un garnement pour relever le défi du plus beau ricochet. Ce fut réussi … J’ai fait dix ronds dans l’eau et atteint l’autre rive … Me voilà devant toi.
L’’apostrophe blanche qui t’interpelle ?…Voyons ! C’est que déjà, il me pousse une aile !