Conte à dormir debout

Quelque invention peu ordinaire ...

L’explosion du bing bang en myriades d’étoiles fut pour le géant Héraklès un mystère absolu, un mystère qu’il devait à tout prix comprendre et résoudre.

Il se retrouvait là, flottant  dans le cosmos au-dessus d’Océan, jadis si calme et maintenant perturbé par les vents roulant des vagues immenses et la musique infernale de la tempête qui l’assourdissait.

Qu’allait-il devenir, loin de sa Muse, loin de son bien-être et de son confort, alors qu’il se trouvait tranquillement au repos après ses douze travaux, tous plus durs à accomplir les uns que les autres … Son repos, il l’avait bien mérité, pourtant !

Le dieu Râ riait dans sa barbe de voir ce héros dont il était jaloux, flotter dans la galaxie sans aucun point d’ancrage.

Errant et flottant ainsi dans l’Univers, une mèche de ses cheveux qu’il avait longs et très abondants s’accrocha à la pointe d’une étoile et l’arrêta là. Avec sa force herculéenne, il s’accrocha, s’agrippa, tous ses muscles bandés et il réussit à se hisser, après une haute lutte, sur la pointe de l’étoile.

Enfin, il était sauvé, libéré de son errance et de son flottement. Il s’assit sur l’étoile qui lui parut très confortable et s’installa sur la mousse fraîche qui poussait là et qu’il trouva toute douce. Puis il se mit à réfléchir pour gagner cette nouvelle bataille :

Fallait-il  regagner son étoile ?  Quoi que ?

Celle-ci lui paraissait vraiment très confortable et elle devait bien abriter quelque autre Muse digne de ses amours passionnels. Il allait chercher, s’aventurer…

Il réfléchit longtemps, longtemps, en tournant sa mèche de cheveux dans ses doigts, comme il le faisait tout petit. Mais à force de tirer sur sa mèche, les cheveux cassèrent. Il recommença avec une autre mèche qui de nouveau cassa, puis encore avec une autre et tout en réfléchissant, il se mit à les tresser tout en continuant  à s’arracher les cheveux, qui instantanément repoussaient.  Il trouvait étrange cette nouvelle texture qu’il fabriquait avec ses cheveux.. Elle avait maintenant toute une longueur et il regardait étonné ce long fil qu’il enroulait au fur et à mesure en peloton. Dans un accès de son génie, il la nomma « ficelle ».

Dans le ravissement de sa trouvaille, il partit d’un grand éclat de rire et se mit à danser une sarabande effrénée. C’était un drôle de pas qu’il accompagnait de « Olé » énergiques. Chaque fois qu’il tapait du talon par terre, ses pieds, rebondissaient sur la mousse. Il appela cette chose tango… Le tango des années lumières était né.

Puis, trouvant cette activité des plus drôles, il se mit à nommer chaque chose qu’il voyait et à la répéter en écoutant le son se révéler à lui….  Ainsi naquit la parole.

Le soleil jaloux de ses inventions du jour se cacha en rougissant derrière la nuée et la lune apparut, reine de la nuit, du rêve éveillé, du génie et de la poésie, pour inspirer ses choix.

Lécrilibriste