Folle horloge
Reproduction Camille Pissarro - la rue du gros horloge
Texte : Lecrilibriste
Folle horloge
Le tic-tac de l’horloge du beffroi
Hésite devant son désir fou d’aller plus vite
Énergiques, les ressorts de l’horloge palpitent et sautent de joie
Enfin ! Enfin !
Aller plus vite que le temps qui passe
Moduler les secondes en demi-secondes
Trancher les heures en demi-heures
Et parcourir les ans, en dansant sur un cadran isocèle
rompant la monotonie de l’inexorable métronome
au ronron en rond, identique et perpétuel
Fanfaronner devant l’Hippogryphe
Qui griffe le graphe des chiffres
Et déploie ses ailes avec ironie
Prêt à s’envoler vers l’ailleurs
Aller s’étourdir, enfin, dans une débauche effrénée
Loin de ce tic-tac lancinant
Qui marque les heures
Qui compte le temps
de la ronde sans fin des années qui passent
Et vivre à cent à l’heure… Encore !
Au son de l’Angélus
Tout étonné, le sablier s’est réveillé
Il voit les aiguilles tourner plus vite
Et son cœur se met à taper
Et son sable rose, plus vite, à filer
entre ses bulles de silence
Plus vite, plus vite, il court vers l’avenir
Vers un ciel sans nuages
Vers sa chimère de mirages
Avec l’horloge folle du beffroi
Un enfant curieux est passé
Etonné, il a regardé le sablier
L’a pris et l'a retourné
maladroitement l’a cassé
Sur l’heure, au son triste du glas et du verre brisé
le sablier a plongé dans l’éternité
mais le temps a continué de filer
Lecrilibriste