Au jardin des Carmes
Image Internet - Atelier d'écriture "Encres Fuschine"
Au jardin des Carmes
Au milieu des remparts et des pierres patinées
croulant sous la craquante lumière de juillet
dans un coin de verdure et de buis plein de charme
au couvent des Carmes,
un jardin singulier dans un fouillis bien orchestré
d’herbes rares, de plantes et de fleurs oubliées
se chauffe au soleil de l’été
La cloche sonne la demie au-dessus des toits roses
C’est l’heure où les moniales d’outre-temps
dans les traînées de nuages flottants
font la ronde autour des mandragores
et de leurs invisibles doigts d’or
effleurent les fruit des pavots
détenteurs des sommeils plombés et des visions hallucinées.
Vulnérable, la vulnéraire s’informe auprès de la ciguë
des recettes où les sorcières s’évertuent.
autour du chanvre indien et des lourds daturas
Et le muguet tout dépité n’en revient pas
de sa toxicité, lui qui agite au premier jour de mai
ses clochettes parfumées
en gages de bonheur pour l’humanité.
Les grains d’hellébore ouvrent leurs ailes
pour s’envoler auprès des boutons d’or
La sarriette a revêtu son aphrodisiaque sari
pour affrioler les étoiles d’anis
L’angélique est aux anges près du rosier fleuri
La lavande embaume son parfum paradis
Et sur les doigts, la menthe poivrée
exhale, tenace, son frais bouquet
Le pastel des teinturiers songe à son bleu charrette
qui fait pâlir d’envie les sauges et les thyms
car il teint ce qu’il touche, de ciel, pour les poètes
Les candélabres de l’oseille
grimpent à l’assaut de la salsepareille
tandis qu’à l’ombre des grands ormes
exilée de son bord de mer, la salicorne
rêve de vagues de poisson et de sel.
Lecrilibriste